Tuesday, December 16, 2025
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    Dalaba: le destin incroyable d’un jeune commerçant qui tombe sous le charme de dame Agriculture… 

    C’est l’histoire d’une belle aventure qui mérite d’être contée… le choix de vie et de carrière fait par le jeune Thierno Ibrahima BARRY, commerçant à ses débuts mais qui, au gré du temps et après moults réflexions et conseils, a décidé de se lancer, il y a 3 ans, dans le domaine de l’exploitation agricole. Fasciné par son terroir natal blotti dans les fins fond de Dalaba (sous-préfecture de Ditinn d’où il est originaire), Thierno Ibrahima Barry a fait le choix de quitter le commerce de détails à Conakry (qui lui rapportait peu) pour retourner au village à l’effet de s’investir pleinement dans l’exploitation des domaines fertiles familiaux.

    Un pari audacieux pour ses amis et proches … mais un gros challenge pour lui : « Très jeune j’étais déjà un passionné de la terre. J’accompagnais mon père au champ et l’aidait dans les travaux champêtres avec des moyens rudimentaires et des efforts titanesques. Mais on rapportait toujours quelques pour la famille et pour faire face aux besoins domestiques et aux accessoires. C’est de là qu’est partie ma passion pour l’agriculture et l’élevage… Mon père paysan agriculteur a été un modèle de courage et d’entreprenariat pour moi. »

    Quand il a décidé de rejoindre son Ditinn natal pour réaliser son projet de rêve, le jeune Thierno est parti avec ses maigres ressources, commençant à s’investir dans les domaines agricoles de sa famille. Et à force de grandir, il a élargi son rayon d’action ! Après 3 ans d’efforts et de labeurs, Thierno Ibrahima BARRY est aujourd’hui à la tête d’une grande exploitation agricole adossée aux fermes d’élevages à Ditinn Dalaba, dans le foutah et un peu partout à l’intérieur du pays.

    Du domaine familial, il gère dorénavant une exploitation de 35 hectares comprenant six (6) spéculations à travers les filières maïs, piment, poivrons, aubergines, aubergine blanche et autre pomme de terre. Un deuxième domaine de 31 hectares dont 25 cultivables est disponible et le troisième domaine sera réservé uniquement à la culture de l’oignon.

    Sur les traces de ces fabuleuses réussites stories, une équipe d’Agronews a fait le déplacement à Ditinn à la rencontre du jeune agro preneur, Thierno Ibrahima BARRY. Entretien en exclusivité pour Agronews.

    Agronews: Bonjour Thierno Ibrahima BARRY, vous êtes un gros exploitant agricole établi à Ditinn, sous-préfecture de Dalaba. Un jeune commerçant qui bascule dans l’agriculture. Parlez-nous de cette expérience passionnante et captivante. 

    Je suis un jeune commerçant qui a décidé d’embrasser l’agriculture. Il y a 3 ans, mon aventure a commencé lorsque j’ai décidé vraiment de faire l’élevage et l’agriculture. Là, vous me trouvez à la tête d’un immense domaine de 35 hectares. Sur les 30 ha, il n’y a que du maïs. Pour le reste, 1HA de piment, 1HA d’aubergine 1HA, il y aussi de l’aubergine blanc qu’on appelle ‘’Diakatou en poular ’’ainsi qu’1HA de pommes de terre qui est déjà récolté. A cela s’ajoute 1 ha aussi de choux …pas d’abord récolté. C’est tout ça qui fait les 35 hectares dont je vous parle. 

    On le voit, vous êtes apparemment un des plus grands producteurs de maïs du pays. Combien de variété il y a ici ?

    On a cette année, une seule variété qui est le Kabamanoj. Mais l’année passée on avait fait deux variétés. Mais au constat, c’est la variété Kabamanoj qui a mieux donnée comparée à la CH4. C’est pourquoi, cette année on a préféré le Kabamanoj qui annonce de belles récoltes. 

    Ici on travaille avec passion …c’est quelque chose qui me tient à cœur. Un travail pour soie, sa famille et surtout pour sa communauté et le pays.  Vous imaginez vous, pendant la période de récolte, c’est une foule énorme qu’on retrouve ici : entre 200 à 300 femmes qui travaillent dans les domaines … un emploi et des revenus pour ses familles rurales.  

    On remarque que vous travaillez avec des Guinéens, mais surtout aussi avec des étrangers dans vos exploitations. Une expertise qui compte et vous apporte quelque chose non ? 

    Oui tout à fait ! Vous le savez, le travail dans les domaines agricoles de grandes superficies n’est pas facile. Nos frères étrangers sont connus et réputés pour leur sérieux dans les tâches. En plus, ils nous apportent de l’expérience et du vécu pour former les Guinéens. Ce transfert de compétences fait partie des contrats que nous signons avec eux. En fait, les Guinéens sont motivés à travailler mais, ils manquent souvent de formation et de techniques … toutes choses que ces jeunes, venus du Sénégal et du Burkina nous apportent ici.  Dans nos exploitations à Ditinn, je travaille avec quatre (4) jeunes. Un Burkinabé, notamment celui qui gère le champ ainsi que tous les techniciens qui sont des Sénégalais. 

    Revenons sur la production notamment le maïs. Vous sortez combien de tonnes ici, et comment vous faites pour écouler cette production ? Est-ce que vous arrivez à vous en sortir, financièrement ? 

    En termes de consommation je suis l’une des personnes qui consomment beaucoup le maïs. Et pour cause, j’ai un parc de poules pondeuses qui consomment près de 91 tonnes de maïs par mois. Nos fermes avicoles sont situées à Mamou et à Lola. Voyez-vous, le maïs qu’on produit ici ne suffit même pas pour faire face à nos besoins. Pour le moment, on a un contrat avec nos fermes pour acheter toute la production de maïs issue de nos exploitations ici à Ditinn. J’avoue que j’ai des demandes mais fort malheureusement, je n’arrive pas à honorer les demandes d’autres clients parce qu’il faut de grandes superficies pour y faire face. A date, le problème se pose au niveau de la disponibilité de domaines agricoles et surtout, du financement. Ce sont des investissements qui nécessitent beaucoup de fonds. Sinon vraiment, le maïs c’est l’une de nos priorités en termes de production. 

    À regarder de près ce que vous faites ici, il est évident que vous êtes un modèle de jeune inspirant. Vous-même qui vous a inspiré et qu’est-ce qui vous a motivé à faire de l’agriculture … ce secteur difficile avec peu d’acteurs de soutien ?   

    C’est vrai que ça n’a pas été facile pour moi de basculer dans ce monde … partir de simple commerçant à l’agro preneur, il fallait y croire et s’armer de courage et de passion. En termes d’inspiration, deux (2) m’ont inspiré. Premièrement j’aimais et j’aime beaucoup mon village natal.  Je suis tout le temps ici. Tout jeune quand je venais au village, j’étais très souvent aux côtés de mon père paysan agriculteur…j’étais avec lui au champ et je remarquais son travail, les efforts qu’il fournissait avec peu de moyens pour des récoltes dérisoires. Mais il n’abandonnait jamais ! Son investissement m’a beaucoup inspiré. C’est pourquoi, dès que j’ai pu mobilisé des moyens, j’ai décidé de rentrer au village pour démarrer ce projet qui était un rêve. Aujourd’hui, j’en suis franchement fier. L’impact de nos investissements est extrêmement important sur la communauté de Ditinn et pour le pays. Car après les récoltes, les paysans et artisans ne font rien ici pas facile pour les familles. Il fallait donc les occuper en activités génératrices de revenus pour boucler la période de soudure. Ici en cette période on reçoit beaucoup de femmes qui cherchent du travail saisonnier pour joindre les deux bouts.

    Aujourd’hui mes amis commerçants sont impressionnés parce que j’ai pu réaliser ici. Malgré les difficultés, l’affaire est rentable. Et c’est pourquoi, j’encourage chaque mes amis à faire comme moi… à ne pas rester seulement dans le négoce, prendre tes sous, aller acheter (importer ou revendre) des marchandises ici. Il faut s’intéresser à la terre. C’est ce qui peut rapporter gros, aider les communautés et le pays dans son pari de gagner la sécurité alimentaire et développer l’agro-industrie.  Pour y arriver, il faudra néanmoins que l’Etat aide les entrepreneurs agricoles à accéder au foncier rural (les terres). C’est un vrai problème pour ceux qui veulent développer leur business ici. 

    En outre, il faudra s’armer de courage et de persévérance. Car on peut tout perdre en une campagne agricole. Ne pas être en ville et dire que j’ai un champ. Il faut donc être sur le terrain, ici en campagne, veiller au grain car il y a souvent aussi des phénomènes naturels. Je prends en exemple le domaine de WAFOU (25 HA) où on avait planté du maïs… et on avait tout perdu à cause des insectes. Ce sont des aléas… Mais si tu ne tiens que de ça, tu ne pourras pas continuer …tu vas abandonner. Or ici à Ditinn, on ne peut pas abandonner les populations qui vivent directement et indirectement de nos exploitations. 

    Vos exploitations nécessitent une maîtrise d’eau pour les cultures et spéculations. Comment vous vous organisez  pour relever ce défi ? 

    Oui, c’est un gros défi ! Mais ici à Ditinn, nous avons réalisé un forage industriel ainsi que 2 autres forages en bas. Des installations qu’on doit connecter pour alimenter la réserve d’eau de 250 m3 au cœur du dispositif d’arrosage de ‘’goutte à goutte’’. On travaille plus avec l’eau de forage que l’eau du marigot pour les cultures maraîchères.  Car l’eau de forage nous permet vraiment d’utiliser deux fois ou trois fois, le système de gouttes à gouttes qu’avec le marigot qui draine trop d’impuretés notamment du sable. 

    On voit qu’ici à Ditinn, vous avez opéré des aménagements pour occuper de grandes surfaces de production, ce qui induit des coûts. Est-ce que l’Etat vous aide, étant donné que cela nécessite de gros moyens et donc des charges ?

    Pour les aménagements, c’est vrai ! on est obligé de prendre le devant pour avancer dans la production et rentabiliser les domaines. Parce que si tu retardes dans l’aménagement, tu ne pourras rien faire de grand. C’est la base. C’est ce qui coûte aussi trop cher, c’est la préparation du sol… en un mot, l’aménagement. C’est le fondement même de l’investissement agricole : si le sol n’est pas bien aménagé, il n’y aura pas de résultats. On est donc obligé de s’y mettre avec nos moyens. L’appui et l’accompagnement de l’Etat à travers le département ainsi que des partenaires techniques et financiers seraient salutaires pour nous (petits, gros producteurs et autres acteurs du secteur agricole). 

    L’autre grand défi pour l’appui à l’aménagement… c’est le suivi rapproché pour connaître et aider à régler sur le terrain, les difficultés des producteurs et des gros exploitants agricoles qui s’investissent dans l’arrière-pays et qui n’ont pas les types de problèmes. Etes-vous confrontés à cette problématique ? 

    C’est une souffrance souvent évoquée par les acteurs producteurs. Personnellement, j’ai un avis tranché sur la question. C’est clair que sans aménagements on ne parle pas d’agriculture performante. Or ça coûte énormément d’argent. Maintenant pour les producteurs qui gagnent de petits montants en termes d’accompagnement, je les conseille de s’organiser et de bien planifier la superficie de production. En fait, ce n’est pas la surface qui est importante, mais plutôt le rendement. Dès lors, lorsque vous obtenez un financement pour aménager 1HA, il est conseillé de valoriser ½ HA. Tu te focalises sur cet objectif et dans ce cas, tu n’auras pas beaucoup de difficultés. Il y a souvent des exploitants trop ambitieux. Des gens qui vous disent, moi j’ai fait 100 ha, 50 ha ou même 60 ha. Sauf que cela exige d’avoir des moyens ou bien, il faut avoir vraiment un grand appui. Sinon tu ne pourras pas t’en sortir. Voyez-vous, notre aménagement dont je vous parle, rien que pour la fondation, ça nous a coûté beaucoup. Pour faire trois (3) chambres et salon, il a fallu 250 tonnes de ciments sans oublier le fer. Et on sait qu’après la production, il faut trouver un moyen ou un espace de conservation des récoltes avant l’étape de la transformation. Vous voyez donc, les aménagements sont des facteurs importants pour développer et valoriser le secteur agricole. Et c’est déterminant pour nous autres qui avons choisi de se lancer, avec tous les risques et défis, dans ce secteur en Guinée. On a besoin d’aide et de soutien de l’Etat pour faire du secteur agricole le véritable moteur de la croissance et du développement de la Guinée. 

    Votre dernier mot !

    Merci à Agronews pour avoir fait ce déplacement ici à Ditinn afin de montrer aux Guinéens, et témoigner à la face du monde, ce que nous faisons en tant qu’agro preneur pour contribuer au développement socio-économique du pays.

    Entretien réalisé par Agronewsgn

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